Les Faucheurs volontaires investissent des jardineries

Environnement – Opération commando hier à Figeac

Ils l’avaient caché jusqu’au dernier moment. C’est pourtant sur l’ensemble du territoire national que les Faucheuses et Faucheurs volontaires ont investi hier, dès 9 heures, des jardineries et magasins spécialisés, pour dénoncer la vente du Roundup et autres pesticides contenant du glyphosate. À Figeac, le rendez-vous se situait au nouveau parking de la gare SNCF. Une douzaine de faucheurs volontaires étaient là, portables éteints ou déposés dans les voitures. Dans son briefing, Gérard Rigaldo expliquait que l’interdiction du Roundup et du glyphosate était «sans cesse remise en question et reportée, sous la pression des lobbies et de Monsanto.» Désormais interdite en janvier 2017, sa vente serait tolérée jusqu’en 2019 en rayon séparé, et conditionnée à la présence d’un vendeur, pour expliquer aux clients les dangers de son utilisation. «Ségolène Royal, notre ministre de l’Environnement, a récemment déclaré qu’elle comptait sur l’appui des consommateurs pour la soutenir, poursuivait Gérard Rigaldo. C’est ce que nous allons faire, dans cette action, citoyenne, responsable, et non violente. Nous allons dans les magasins qui vendent des glyphosates, pour alerter clients et vendeurs des risques qu’ils encourent.» Direction la zone d’activité de Capdenac-le-Haut et le magasin Bricorama. Après avoir repéré les produits ciblés, certains les sortaient des rayons et les déposaient à même le sol sur une bâche agricole, avant de les «bomber» de peinture, pendant que d’autres distribuaient des tracs. Alerté par un vendeur, Francis Couderc, le directeur ne pouvait que constater : «Nous avons cinq personnes dans le magasin, formés pour vendre ces produits. Nous sommes strictement dans la loi, et vous venez nous pénaliser, car ces produits, nous les avons payés.» «Nous voulons vous faire prendre conscience que vous vendez du poison», répondait alors Rémy Pesant, tout en expliquant aux clients les dangers de ces produits. Les mêmes scènes se répétaient ensuite au magasin Gamm Vert et à la jardinerie Delbard, où les gendarmes intervenaient, relevant dans le calme les identités des manifestants.

Certains clients, d’accord avec les Faucheurs volontaires, regrettaient pourtant l’utilisation de bombes de peintures, peut-être aussi nocives que les produits incriminés.


«Tout ce que nous vendons est légal »

Contacté par nos soins, Dominique Olivier, directeur de la coopérative agricole Fermes de Figeac, à qui appartiennent le magasin Gamm Vert et la jardinerie Delbard, a réagi à cette action commando.

«Tout ce que nous faisons ou que nous vendons est conforme à la loi. Nous ne vendons aucun produit interdit. Je sais qu’il y a un débat, mais je ne suis pas qualifié pour y répondre. Ce sera au législateur de trancher, insiste le directeur. Que faire, alors que les consommateurs réclament ce produit ? Nous sommes déjà en train de travailler à des solutions alternatives. À la fin 2016, ces produits seront en vente, mais sous clé, où derrière un comptoir, et servi par un vendeur. Nous restons toujours dans le cadre et le respect de la loi.

Je sais déjà que nous avons pour à peu près 1 500 € de dégâts dans chaque magasin. Qui paye ? Qui rembourse ? Nous allons porter plainte contre ces dégradations. Nous y sommes obligés, car pour être remboursés, il faut qu’il y ait plainte. Et puis, nous sommes dans un état de droit. Je comprends la position de ces gens, mais on peut revendiquer sans dégrader.»

De notre correspondant Michel Cavarroc – La dépêche du 20 mars 2016