La Zad urbaine de Marseille évacuée

Ce vendredi matin, la police a délogé les riverains, militants écolos et « zadistes » qui occupaient depuis une semaine le parc Michel-Lévy dans le VIe arrondissement de Marseille.

Ils étaient aux aguets ou renseignés en temps réel.

Lorsque David Escalier, militant de Greenpeace, est descendu de son perchoir installé sur la fourche d’un micocoulier pour s’entretenir avec une journaliste de la Provence, une vingtaine de policiers en civil et plusieurs dizaines de CRS ont débarqué. « Ils sont arrivés par surprise, vite, et nous ont aussitôt sorti du parc. On a essayé d’escalader pour y revenir mais il y avait des flics en civil à l’intérieur et des CRS dehors qui ont chargé. C’était la sur-armada », témoigne Gérald, un militant du collectif Laisse béton « choqué de voir autant de moyens publics pour protéger un programme immobilier privé dans un ancien parc public. » Selon les personnes y ayant assisté, l’assaut a été brutal mais n’a donné lieu à aucune violence caractérisée et personne n’a été arrêté.

Le parc Michel-Lévy, situé à quelques minutes de la place Castellane, a longtemps constitué le seul petit poumon vert du quartier, accueillant des jeux d’enfants, un terrain de boule, un centre d’animation et une dizaine de grands arbres. Le 21 février 2008, la mairie de Marseille attribuait un permis de construire à la Phocéenne d’habitation (filiale d’Unicil, groupe immobilier intervenant dans l’habitat social) pour y construire un immeuble d’habitation (7 étages et 47 logements) et un parking (sur trois niveaux en sous-sol). Marquant le début d’une lutte des riverains pour sauver leur parc.
Six années de démêlés judiciaires, ponctuées par la fermeture du parc au public en juin 2013. La mobilisation s’était par la suite mise en veilleuse. Jusqu’à l’arrivée sur le site, les 21 et 22 janvier derniers, d’engins et de personnels procédant aux premiers abattages d’arbres, un peu plus d’un mois après la vente définitive du terrain (authentifiée le 8 décembre 2014). Dès le jeudi 22 au soir, riverains et militants ont occupé le parc, le déclarant dans la foulée Zone à défendre (ZAD) et inscrivant ainsi explicitement leur lutte dans le sillage des mobilisations de Sivens et de Notre-Dame-des-Landes.

Ce matin, deux heures avant l’assaut final, l’huissier était venu leur présenter une ordonnance d’expulsion. Accompagné de policiers en civil qui n’ont pas pu faire descendre David de sa plateforme malgré la promesse de croissants chauds… « J’étais déterminé à rester », assure-t-il avec une pointe d’amertume. Cela n’aura pas suffit, le second voyage a été le bon pour la maréchaussée. Avec des dizaines de cars de CRS garés sur les rues entourant le parc, le dispositif policier déployé dans le quartier apparaissait un brin démésuré au regard des forces militantes présentes sur la ZAD : une douzaine de femmes et d’hommes non-violents et fatigués par leurs nuits successives sous la tente. A peine débarrassé de ses protecteurs, le parc a vu les pelleteuses et tronçonneuses entrer en action. A 10h30, le micocoulier centenaire était à terre.
Par delà les cordons de CRS barrant l’accès au site, quelques yeux rougis, quelques cris « Honte à Gaudin ! », et la promesse de ne pas en rester là : « La Phocéenne d’habitation et Eiffage, on va leur faire la misère toute l’année… », assurait un militant. Dans l’après-midi, des habitants du quartier se sont rendus au siège d’Unicil pour faire entendre leur colère. «  Ils nous ont juste répondu que tout était légal », rapporte Valeria, dont les enfants ont appris à faire du vélo dans le parc.

Source : Politis

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