Nous sommes en grève de la faim par désespérance aux côtés des Enfants de Don Quichotte !
Que nous soyons SDF avec ou sans-papiers, notre combat est le même : nous luttons pour vivre dignement. Nous sommes à notre 7ème jour de grève de la faim, sous une tente au bord du canal, au 48 bis quai de Jemmapes.
Sans-papiers et sans-abri depuis des années en France, nous nous appelons Bachir, Boukhalfa, Mokrane et Makhlouf, mais nous pourrions aussi nous appeler Samba, Yung ou Vacilé. Comme nos grands-parents et parents hier sur les champs de bataille de 14-18 et de 39-45 aux côtés des soldats français, égaux face à la mort, nous sommes aujourd’hui aux côtés des SDF français dans la misère sociale. Seulement, si les SDF français se trouvent socialement au « rez-de-chaussée », au bord du canal Saint-Martin, nous, les sans-papiers, nous nous trouvons encore au « sous-sol », au « fond » du canal…
Certains parmi nous sont pères ou mères d’un, deux ou trois enfants, souvent nés en France, scolarisés, mais que ce soient pour nous ou pour nos enfants, la « chasse aux sorcières » a été déclarée par les lois CESEDA…
Nous vous interpellons sur les rafles policières et les évacuations répétées par les autorités dont nous sommes victimes dès que nous essayons de nous adresser à vous, pour vous informer sur notre situation et nos revendications et pour vous appeler à nous rejoindre dans un combat commun.
Nous nous sommes mis actuellement au grand jour, au bord du précipice, déterminés à mener ce combat jusqu’au bout. Certes, on peut nous reprocher de mettre nos vies en danger en choisissant la grève de la faim comme moyen de lutte. Mais ceux qui nous le reprochent ignorent certainement que nous vivons au quotidien avec l’inexistence, avec la mort. Les sans-papiers meurent souvent, si ce n’est pas dans les océans, c’est lors des embarquements violents par les forces de l’ordre. Et, au-delà, est-ce vraiment une vie, celle que l’on mène continuellement en cachette, la peur au ventre… ?! Si nous mourrons à cause de la grève de la faim, ce sera au moins une mort pour la vie affirmée publiquement. ..
Le combat que nous menons n’est pas seulement le nôtre, il concerne aussi toute la société, avec ses différentes composantes (Étudiants, salariés, syndicats, mouvements, organisations, associations, politiques, communautés religieuses, etc.)
Nous espérons que ce cri d’alarme pour la vie va être enfin entendu, qu’une mobilisation et qu’une solidarité vont se créer autour de l’ensemble des sans-papiers : grévistes de la faim ou non, pour donner de la force à notre voix.
Les sans papiers grévistes de la faim du canal Saint-Martin (Paris)
Bachir, Boukhalfa, Mokrane et Makhlouf
Pour tout contact : Aziz 06 19 70 64 81 ou Mohamed 06 22 76 34 23