L’Église de la Très Sainte Consommation bat le NPA et Lutte ouvrière

 

Affiche de l'Eglise de la Très Sainte Consommation

Affiche de l’Eglise de la Très Sainte Consommation

20 mars 2014 – « Par rapport aux élections législatives on a senti qu’on passait un cap », opine Alessandro Di Giuseppe, en tombant momentanément le masque du prélat ultralibéral. Bras d’honneur au système, adhésion aux idées radicales sous-jacentes, enthousiasme pour l’humour absurde de la liste « Pour un autre Lille, en mieux, sans vous » ? 

« On a dû piquer quelques voix aux uns et aux autres, mais ça n’a pas changé le résultat », note Alessandro Di Giuseppe, qui constate que l’électorat est divisé « entre ceux qui s’abstiennent et ceux qui se plaignent mais votent toujours pour les mêmes ».

« C’est Coluche sans l’humour », disait encore, à quelques jours du scrutin, un Jean-René Lecerf agacé par Alessandro Di Giuseppe. Le candidat de droite n’aura pas goûté la candidature de cet olibrius en soutane, dont les sketches échevelés auront secoué une campagne éteinte. Mais dimanche soir, Lecerf n’a pas été le seul à rire jaune à l’annonce des résultats : 3,55 % des voix pour l’Église de la très sainte consommation. Plus que le Nouveau parti anticapitaliste et Lutte ouvrière réunis. Près de 2 000 Lillois ont choisi l’homme qui promettait de transformer le Faubourg-de-Béthune en prison.

Certains de ses concurrents, en privé, l’ont accusé d’alimenter le poujadisme, l’àquoibonisme, le « tous pourris ». Le gourou décroissant veut croire que les électeurs, attirés par la forme, ont fini par s’intéresser au fond, ont vu « le message derrière la farce ».

La farce est finie

Cet anticapitaliste espère avoir prouvé, « dans un pays frileux pour la désobéissance et l’alternative », qu’il était permis « d’oser ». Enfin, à condition d’avoir une équipe en ordre de marche et un petit budget. Le frontiste Éric Dillies s’était étonné des moyens déployés par les faux dévots de la croissance. « La campagne aura coûté 10 000 € », précise Alessandro Di Giuseppe. Un coût de revient par électeur imbattable, fruit d’une campagne de bouts de chandelle sublimée par le système D et internet. « Ce n’est rien comparé aux sommes astronomiques dépensées par les autres partis, qui démontrent le coût de la farce démocratique. »

Pour lui, la farce est finie. Il ne donnera pas de consigne pour le 2e tour. « Nos militants nous en voudraient », assure celui qui songe désormais à la présidentielle. Ses 2 000 brebis seront lâchées dans la nature dimanche. Pas sûr qu’elles rejoignent un autre troupeau.