Action des Reposeurs le 25 Avril à Paris

Samedi 25 avril 2015, c’est ma première action anti-pub parmi les Reposeurs. Les «quoi » ? Les gentils mais néanmoins déterminés militants, qui parcourent les couloirs et stations de métro pour recouvrir les affiches abêtissantes de messages anti-publicitaires, afin de sensibiliser les usagers aux divers méfaits de la publicité sur nos cerveaux, nos mœurs, nos portefeuilles, notre environnement et nos ressources. Un des objectif à court terme est d’obtenir que l’affichage soit réduit à une taille non agressive de  50 X 70 cm, afin que l’on ne puisse plus être happé contre son gré par son message.

Je me rends à 18h sur le parvis de l’église St Ambroise, sortie métro du même nom. A l’heure dite, une quinzaine de militants est déjà rassemblée, l’ambiance est conviviale comme si tous se connaissaient depuis longtemps, pourtant j’apprendrai plus tard que pour beaucoup c’est le baptême ! Munis de sacs ou cartons à dessins remplis de papillons-repositionnables-dont-on-ne-doit-pas-dire-la-marque et recouverts d’ inscriptions anti-pub, ils se font vite instruire par les plus expérimentés : on ne court pas, on a son ticket, l’action est légale donc si un agent RATP nous interpelle on arrête de coller mais il ne faut signer aucun papier du genre PV pour tractage, etc. Le risque est nul, mais on ne fait pas non plus de tourisme, il faut essayer de coller un maximum en un minimum de temps . C’est sans crainte que le groupe se sépare en trois, dans des directions différentes.

J’apprends une fois dans le métro les règles de prudence grâce à notre « moniteur » : cesser d’agir quand une rame arrive car le conducteur peut alerter des agents s’il nous a vus. Il faut penser aussi à ses rétroviseurs ! L’un de nous se propose pour faire un peu le guet, ce qui laisse tout le champ libre pour rendre aux couloirs du métro la libre-expression de nos slogans, infos et autres dessins. Quand on n’utilise pas de P…  papillon repositionnable, on fonctionne mieux en binôme : l’un qui s’occupe du ruban-adhésif-dont-on-doit-taire-la-marque, pendant que l’autre pose sa feuille ou son affiche. Peu à peu on prend le pli et on prépare les supports dans les rames, pour être prêts à bondir. Beaucoup d’excitation dans le groupe, on ne peut pas être moins discret !!! Mais les usagers du métro nous font assez souvent des remarques enthousiastes : « vous avez raison », « bravo », « continuez ». Notre groupe écrit quelques messages en allemand, anglais, et portugais : bienvenue les touristes ! Un groupe de jeunes filles nous interpelle : « pourquoi vous n’aimez pas la pub ? », «  La pub, c’est beaucoup d’argent gaspillé, ça pollue, ça pille nos ressources, c’est agressif … », et l’une donne d’autres arguments pour finir par nous demander : «  moi aussi, je peux écrire quelque chose ? Je peux écrire que c’est vulgaire !? ». On lui tend volontiers les outils pour qu’elle s’exécute. Mission accomplie! Il suffit de poser un acte simple, il parle mieux aux consciences que tous les discours théoriques.

Notre moniteur nous apprend aussi à repérer les panneaux munis de caméras : il sort des affiches spéciales qui indiquent leur emplacement par des flèches, j’adore ces reposeurs ! D’autres grands panneaux lumineux sont recouverts de papier Kraft. A l’heure où on devrait faire des économies d’énergie, ces panneaux -qui consomment en un an autant d’électricité que trois foyers moyens constituent un énorme scandale.

L’action se termine afin que tous se retrouvent comme prévu pour le bilan dans un pub (!) : échanges d’impressions : M . a eu du mal à résister à l’envie de déchirer quelques affiches, un autre M. nous apprend que plus d’une dizaine de personnes ont participé spontanément à l’action, C. raconte qu’une femme a sorti son stylo pour corriger une faute d’orthographe ( un truc à retenir pour + d’interaction?), R. fait remarquer que les dessins accrochent mieux le regard , un autre groupe a manqué de supports, J. note qu’il faut chercher des endroits stratégiques car les usagers passent vite dans certains couloirs et ne prennent pas le temps de lire, K. rapporte qu’un agent sur le quai d’en face lui a crié : «  faut pas faire ça », mais qu’il n’y a pas eu d’ennuis (regarder un peu plus sur l’autre voie ne nuirait pas…). Entre deux blagounettes et bières, on soulève le débat sur la pertinence de recouvrir aussi les annonces de spectacles, des arguments s’opposent, paisiblement.

Et après ? Il est prévu une date pour fabriquer d’autres supports en vue d’une prochaine opération:
certains notant les revendications, d’autres poétiques, informatifs, subversifs ou humoristiques. Faut-il donner plus de chiffres ? Produire des schémas ? Repérer à l’avance les affiches facilement détournables ? Rendez-vous à l’atelier pour débrider sa créativité stratégique, et partager ces beaux moments avec de joyeux drilles. Pourquoi se priver ?

Sophie

Source: les Reposeurs