Parler, débattre : les meilleures armes contre la radicalisation ?

10 janvier 2017 – Deux ans après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher, d’énormes moyens ont été investis dans la prévention de la radicalisation, avec des expérimentations.

640_meazoomclaire[1]

A écouter sur France Inter

Les résultats sont encore difficiles à mesurer, mais de nombreuses expérimentations sont en cours. Reportage dans un centre ouvert dédié à la réinsertion de jeunes en difficulté, à Montmagny (Val-d’Oise). Depuis quelques mois, ce centre est muni d’une étonnante « école de la citoyenneté ».

Dans cette ferme citoyenne expérimentale se croisent chaque jour des jeunes condamnés à des travaux d’intérêt général, des jeunes en service civique, ou passés brièvement par la case prison. Pour travailler sur ce qui relève de l’indignation légitime chez ces jeunes et ce qui relève plutôt de la théorie du complot -dont on n’est parfois pas très éloigné-, des ateliers d’actualité et de citoyenneté ont lieu chaque mercredi. On y parle d’écologie, d’Israël-Palestine, ou du conflit syrien.

L’occasion de faire sortir les préjugés et les idées farfelues, comme celle-ci : l’un des participants à la discussion soutient que la France achète du pétrole à l’organisation État islamique. Une théorie rapidement battue en brèche par l’animateur du débat, un militant associatif, spécialiste… des techniques de désobéissance civile.

Efficace ou non ?

En tout cas la parole semble libérée. Les échanges sont riches, intenses, et même Sabrina, éducatrice en formation dans le centre, ne les aurait pas forcément cru possibles il y a quelques semaines à peine.

Julien Boucher dirige cette ferme citoyenne expérimentale. Le bilan encore provisoire du dispositif est selon lui déjà très positif.

C’était pas gagné d’avance, mais ça porte ses fruits. C’est des jeunes qui ont envie de discuter, envie de parler. On voit bien avec les personnes qu’on a, qui ont peut-être été sensibles à ces questions de djihad, de radicalisation, qu’ils oublient très vite ces thèses-là au profit de ce qu’on peut leur apporter.

Autre facteur apaisant : le cadre de la ferme, qui apporte à certains la distance nécessaire par rapport aux sujets qui la bouleversent : « le fait qu’il y ait des animaux, ça adoucit, ça me canalise directement, on est plus calme », explique Leïla. Le programme est soutenu par le Fonds Social Européen, et la ferme le développera d’ici peu sur un deuxième site, celui de l’université de Villetaneuse, à quelques kilomètres de là.